
13 février 2000, 19h15. La première finale de la CAN du 21e siècle, disputée à Lagos, touche à son terme. Le classique du continent : Nigeria - Cameroun. La bande à Samuel Eto’o remporte le sacre continental à l’issue d’une séance de tirs au but qui reste, encore aujourd’hui, l’un des plus grands scandales de l’histoire du football africain…
Taribo West, Samuel Eto’o, Jay-Jay Okocha, Patrick Mboma, Nwankwo Kanu, Finidi George… Le gratin du football africain s’est réuni pour se disputer un troisième titre continental. Cette finale se joue dans le mythique stade du Surulere à Lagos (où le Nigeria n'avait plus été battu depuis 19 ans), fraîchement rénové pour cette CAN organisée par le Nigeria et le Ghana
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Un avant-match bouillant : les Nigérians répondent présents. Privé de CAN depuis 1994 (remportée par nos Super Eagles) pour des raisons politiques, le peuple nigérian s’est mobilisé en masse. Le stade du Surulere est plein à craquer. Un stade qui peut désormais officiellement accueillir 45 000 personnes. Il est 15h59 et l’arbitre tunisien Mourad Daami est sur le point de donner le coup d'envoi de ce choc entre les deux géants du continent africain.
Une finale pleine de tension
Le peuple nigérian attend de pouvoir apprécier cette génération dorée des Super Eagles dans une CAN depuis 1994, soit SIX ANS ! L’atmosphère de tous les matchs de la bande à Okocha était électrique (envahissement de terrain face au Sénégal en quart après le doublé de Julius Aghahowa). Cette tension fait que cette finale démarre timidement.
Mais après un long round d'observation, les Camerounais ouvrent le score. Samuel Eto'o contrôle de la poitrine un coup franc venu de la droite, puis fusille Ike Shorunmu, le gardien nigérian, d'une frappe croisée (26e). Mais son coéquipier, le légendaire Patrick Mboma, n'entend pas rester dans l’ombre de son compatriote du Real Madrid. Servi par Eto'o, il tire entre les jambes du gardien nigérian (31e) et inscrit son quatrième but de la compétition.
Le stade du Surulere continue de pousser malgré la défaite qui se profile. Dans les arrêts de jeu de la première période, l'attaquant nigérian Raphaël Chukwu, à la suite d’un une-deux avec Nwankwo Kanu, réduit l’écart (45e). Pour les Super Eagles, menés 2-1 à la mi-temps, tout reste encore possible.
D'autant plus que dès le retour des vestiaires, Jay-Jay Okocha inscrit le MEILLEUR but de l’histoire de la Coupe d'Afrique des Nations. Le milieu de terrain du PSG contrôle de la poitrine un centre de Finidi, aux 30 mètres, et envoie une frappe surpuissante dans la lucarne du gardien camerounais (47e). Le stade du Surulere est en ébullition.
Les Nigérians poussent, mais malgré les efforts d'Aghahowa, prodige nigérian de 18 ans, d’Okocha ou encore de Kanu, les Super Eagles ne parviennent pas à inscrire le but salvateur. Il est 18h35, Mourad Daami siffle la fin des prolongations : Nigérians et Camerounais se quittent sur un score de parité (2-2).
Maintenant, place à l’une des séances de tirs au but les plus controversées de l’histoire du foot…
La controverse des tirs au but
Okocha, Mboma, Okpara puis Wome. Les tireurs s'enchaînent et aucun ne manque la mire. Tous réussissent et convertissent leurs tirs au but. 2-2, la tension dans le Surulere est à son paroxysme.
Le premier accroc arrive lorsque le Gunner Nwankwo Kanu s’élance. Le droitier décide de croiser son penalty. Par malheur, Alioum Boukar plonge sur son côté droit et arrête ce penalty, mais d’une manière totalement illégale. N’en déplaise à nos amis camerounais, Boukar n’avait pas les deux pieds sur sa ligne au moment du tir de Kanu.
Depuis 1997, la loi 14 stipule que le gardien doit garder les deux pieds sur sa ligne. Boukar viole totalement la loi 14 et ce, de manière assez flagrante… Mourad Daami, au sifflet de cette finale, ne le voit pas.
Ensuite, le milieu camerounais Geremi Njitap donne l’avantage aux Lions Indomptables.
Le second accroc, qui cette fois-ci est un véritable scandale, arrive lorsque la légende de l’AS Monaco, Victor Ikpeba, s’élance. Le natif de Benin City opte pour une frappe en force qui tape la barre transversale, rentre dans le but puis ressort. Le ballon a bel et bien franchi la ligne de but.
Encore une fois, Mourad Daami et son assistant, qui ont décidé d’arbitrer cette séance de tirs au but avec des cache-œil, ne voient pas que ce penalty est bel et bien rentré…
Les Super Eagles ont désormais deux buts de retard et peuvent dire au revoir à un troisième sacre continental... Et ce n’est pas le tir au but manqué de Marc-Vivien Foé (RIP) qui changera l’issue de ce choc.
Rigobert Song, défenseur central star de Liverpool, prend ce cinquième et dernier penalty. Il envoie un missile sous la barre de Shorunmu, met ce ballon au fond des filets et offre aux Camerounais un troisième sacre continental…
Le Cameroun : la bête noir des Super Eagles
Le Cameroun en 2000, c’est trois victoires en finale de Coupe d’Afrique des Nations et les trois face au Nigeria. Bien que cette dernière soit l’unique fait des erreurs du corps arbitral, une victoire reste une victoire. Ce dicton est encore plus vraie en finale de CAN
Ce classique, que ce soit par rapport au but légendaire de Jay-Jay Okocha, à l’ambiance volcanique du Surulere ou aux erreurs grotesques de Mourad Daami, restera à tout jamais dans la postérité et dans les mémoires du football mondial…
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